Quantcast
Channel: critique – Les Casteropodes
Viewing all articles
Browse latest Browse all 72

STEVE JOBS / En 2 mots: Portrait en engueulades

$
0
0

SJB afficheSteve Jobs, depuis sa mort en 2011, a déjà fait l’objet d’un biopic en 2013, d’un documentaire en 2015 et nombreuses sont les controverses à son sujet. Tantôt génie, tantôt businessman, tantôt escroc selon les versions, il excite les curiosités et la méfiance d’une réputation surfaite. C’est donc prudemment que l’on entre dans la salle de ce nouveau film éponyme, mais attiré par le nom de Danny Boyle aux manettes.

STEVE JOBS n’est pas un biopic. C’est un portrait à l’originalité flagrante dès les premières secondes. C’est un portrait en temps réel. Trois temps réels séparés de plusieurs années qui forment une addictive joute verbale. Aaron Sorkin est à l’écriture de ces dialogues ciselés, dont il nous avait fait une superbe démonstration pour THE SOCIAL NETWORK (David Fincher, 2010). C’est le même débit frénétique que l’on retrouve dans celui-là, souligné par le rythme soutenu et partitionné cher à Danny Boyle pour la mise en scène. (Revoyez pour l’exemple 127 HEURES (2010), génial film intense et dynamique malgré un mini décor, mini personnage et mini scénario.) Ce n’est cependant jamais illisible, et brillamment entonné par les comédiens, tous des pointures, même lorsqu’ils sont juste de passage.

stevejobs

Ici donc, la vie de Steve Jobs importe beaucoup moins que sa façon de se comporter avec ses collègues, amis et proches qui souvent se confondent. Les dialogues s’enchaînent et nous montrent un type qui met toute sa grande intelligence au service de sa mauvaise foi et de sa mégalomanie. Les répliques sont efficaces, dans la drôlerie ou l’odiosité mais jamais le film ne s’en félicite par des réactions appuyées. STEVE JOBS est un film de dialogues affirmé, où chaque réplique est un condensé d’informations qui suscite émotion. Ce dispositif transforme le dialogue en action, à la manière du fabuleux WINTER SLEEP (Nuri Bilge Ceylan, 2013) dans un traitement totalement différent.

steve-jobs-movie-seth-rogen

Le film nous embarque avec plaisir aux sources des différences entre Mac et PC et nous offre les premiers débats. Il joue aussi à cache-cache avec la culture du spectateur sur le personnage, ne montrant jamais le communément admis au profit des dommage collatéraux de Steve. Pour raconter les coulisses du personnage, l’idée simple mais bonne du film est de s’y placer au sens propre. Nous sommes en backstage et uniquement en backstage des présentations de produits.

Le film ne s’intéresse ni à la vie, ni aux succès de Steve Jobs mais à ses stratégies et aux traits de personnalité qui expliqueraient les succès (sans les excuser). Avec un bémol : le sujet de la paternité, qui amène une lourdeur et des relents de justification. Mais au vu des faits, il était difficile de passer outre.

On retrouve dans une seule scène la fâcheuse tendance de Danny Boyle à en faire un peu trop. C’est dans un dialogue double, présent/flash back, que le concept atteint ses limites, l’alternance apparaît comme pur artifice et la quantité d’informations devient trop grande pour être assimilée (pour plus de confort, choisissez la VF). Ce dialogue reste important et transmet l’essentiel. Heureusement le film reprend son cours normal.

Bien joué.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 72

Latest Images





Latest Images